L'Europe a toujours connu des mélanges de populations. Provoqués au départ dans le cadre de poussées démographiques ou d'expéditions militaires presque toujours venues de l'est, ils ont amené des contacts en tous genres sans qu'il y ait systématiquement des chocs de civilisations. Des métissages se sont même parfois produits, ethniques et culturels.
Après une longue Préhistoire puis les « Grandes Invasions » du début de notre ère, les Vikings et les Hongrois ont déferlé sur le continent, tandis que les Arabo-Berbères venaient jusqu'à Poitiers. En contrepartie, les Francs s'établissaient à Jérusalem tandis que les Turcs remplaçaient Byzance. La pratique s'observe finalement avec moins de rudesse que sur d'autres continents, où les vaincus pouvaient être voués à l'extermination. Quant aux lointains exodes, ils auront abouti soit à la création d'un nouveau peuple, les Canadiens, soit au retour forcé, les Français d'Algérie, soit à une situation qui reste en devenir Afrique du Sud alors que se pose, un jour ou l'autre, la question des nations premières. Les colonies d'exploitation et les colonies de peuplement ont donné des résultats divers, l'empreinte étant différente selon les époques. Au XXe siècle, les déplacements forcés, les déportations, les exodes humanitaires et les attirances économiques ont contribué et contribuent encore à donner un visage très multiple aux mouvements de population.
À l'heure des débats sur l'immigration, sur la coexistence des civilisations et sur les conditions de travail, on peut s'interroger sur un phénomène qui n'est certes pas nouveau mais qui se pose avec une acuité ressentie par tous. Afin de relativiser les problèmes et les comprendre dans une perspective plus large, il est bon de se pencher sur le passé pour éviter les clichés et de considérer l'ensemble de la réalité contemporaine, ne serait-ce que pour ne pas généraliser abusivement.
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