Jacques Barrat, Coline Ferro & Charlotte Wang
La Géopolitique de l'Ouzbékistan
La Géopolitique de l'Ouzbékistan
Paris, Spm Lettrage, 2011. 217 pages, 14,2 x 22,5 cm, broché. - 9782901952770
Ce pays doublement enclavé, beaucoup plus peuplé que ses voisins, a une population jeune et dynamique mais dont une part importante est restée rurale. Cultivateurs sédentaires dans des Oasis de piémonts plus que millénaires, les Ouzbeks ont fait montre depuis leur indépendance récente d'une grande prudence économique et politique. Elle leur a permis de maintenir une croissance forte et pérenne, de moderniser leur économie et d'évoluer certes lentement mais sûrement vers une société qui se rapproche peu à peu des standards occidentaux en matière de démocratie et de respect des droits de l'homme. Ce "gradualisme" voulu par le Président Karimov a par ailleurs permis à son pays de résider avec succès à la crise financière mondiale fin 2080.
L'Ouzbékistan est par ailleurs un pays assez riche. Riche de ses matières premières et des sources d'énergie que renferme son sous-sol. Riche de la qualité d'une paysannerie qui a su tout en préservant des techniques de culture jardinatoire les hausser au niveau des exigences d'une agriculture moderne. Riche d'une industrie et d'un secteur tertiaire qui, eux aussi, sont en voie de modernisation rapide. Riche du niveau de scolarisation très élevé de ses habitants. Riche enfin d'un patrimoine culturel dont la simple évocation fait rêver: Boukhara, Khiva, Samarcande, Tachkent...
Carrefour naturel de l'Asie centrale, l'Ouzbékistan est doté aussi de caractères géostratégiques qui en font un pays qui s'inscrit dans un nouveau grand jeu. Contrairement aux XIXe et XXe siècle où ce grand jeu s'intégrait dans un monde bipolaire (russo-anglais puis soviéto-américain), il se joue aujourd'hui dans un contexte multipolaire avec au minimum trois partenaires: la Russie, les États-Unis, la Chine.
À l'échelle régionale, l'Iran, la Turquie et à moindre niveau la Chine n'ont pas pu vraiment profiter du retrait russe pour créer une nouvelle sphère d'influence. Quant aux mouvements islamistes, marqués par leurs caractères transnationaux, ils sont à la fois trop nombreux, trop éparpillés, trop rivaux pour servir de facteurs d'unité à cette terre musulmane.
Toutefois, grâce à la qualité et à l'habileté de la diplomatie déployée par Tachkent ces dernières années, l'Ouzbékistan s'est hissé au niveau d'une puissance régionale incontournable. Il l'a montré, en particulier lorsqu'il a été de juin 2009 à juin 2010 à la tête de l'OCS (Organisation de Coopération de Shanghai). Ce pays a pu prouver à cette occasion combien il avait su mesurer et prendre en compte de manière pragmatique, les nouveaux grands équilibres et déséquilibres d'une planète de plus en plus globalisée.
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