Régine Levrat
Le coton dans la zone franc depuis 1950. Un succès remis en cause
Paris, L'Harmattan, 2009. 256 pages, broché. - ISBN: 9782296078857.
Il est de bon ton de ne retenir de l'évolution de l'Afrique de la zone franc au cours de ces dernières décennies, que les aspects négatifs : incapacité des gouvernements africains, minés par la corruption, à mettre en œuvre une dynamique de développement ; incapacité des chefs d'État français, tributaires de réseaux issus de la colonisation et enclins à trop de tolérance...
Et pourtant !
L'exemple de la culture du coton, la " success story " de la Coopération française, nous dévoile un autre visage. Un succès qui a permis aux producteurs africains, et à de vastes régions de la zone soudano-sahélienne, particulièrement démunies, de s'ouvrir à l'économie monétaire, tout en sauvegardant leur équilibre alimentaire. Un succès qui a fait de cette zone le deuxième exportateur mondial de cette fibre. Ce succès est celui de la Compagnie Française pour le Développement des Fibres Textiles (CFDT), organisme public de développement créé par la France au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Courroie de transmission entre les petits producteurs, les sociétés nationales et les pouvoirs publics africains d'un côté, et la Coopération française de l'autre, celle-ci a démontré qu'une politique de collaboration a été possible et à porté des fruits.
Ce succès est remis en cause aujourd'hui par la politique de libéralisme des instances financières et économiques internationales. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international sont en train de briser les outils de cette politique, les sociétés cotonnières nationales, filiales de la Compagnie française. L'Organisation mondiale du Commerce s'est avérée incapable de limiter les subventions octroyées par les États du Nord, États-Unis en tête, qui ont entraîné l'effondrement du marché de la fibre par l'augmentation de la production qu'elles ont engendrée, situation aggravée par la sous-évaluation du dollar par rapport à l'euro. Excellente illustration d'un échec de la politique mondiale du tout-libéralisme, fondée sur la suprématie du marché.
Régine Levrat, agrégée d'histoire-géographie, est maintenant à la retraite. Elle a enseigné la géographie à l'Université de Yaoundé (Cameroun) de 1968 à 1978, puis à Lyon 11, où elle assurait les cours sur l'Afrique tropicale. Elle est auteur d'une thèse de géographie historique sur " La culture cotonnière en Afrique soudanienne de la zone franc depuis les débuts de la colonisation : l'exemple du Cameroun ", dont cet ouvrage présente la dernière partie.
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