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Les géographies, dit le géographe, sont les livres les plus sérieux de tous les livres. Elles ne se démodent jamais. Il est très rare qu’une montagne change de place. Il est très rare qu'un océan se vide de son eau. Nous écrivons des choses éternelles.
Antoine de Saint Exupéry. Le Petit Prince

samedi 2 février 2013

Reconstructions imaginaires de pays perdus


Ethnologie française 2013/1
Pays perdus, pays imaginés
Paris, PUF, 2013. 180 pages, 21 x 26,8 cm, broché.

Alors que les exemples de reconstructions imaginaires de pays perdus sont nombreux en littérature et en peinture, le regard ethnologique permet lui aussi de révéler les multiples façons de se souvenir, de garder avec soi ce lieu « originel ». Les « pays perdus » dont il est question ici sont des villages ou des villes du pourtour méditerranéen dont les images se diffusent bien au-delà, en suivant des mouvements migratoires plus globalisés : lieux de la Retirada de l'Espagne franquiste, de la Kabylie algérienne, de la frontière franco-italienne, de la Provence, de l'Italie napolitaine, de la Grèce insulaire (Rhodes) ou de l'Albanie. Les migrants qui cherchent à garder le contact avec leur « pays » habitent aujourd'hui aux États-Unis, en Afrique du Sud, en Israël, en Algérie urbaine, ou dans les pays de l'Europe occidentale.
Les articles de ce numéro mettent en perspective les manières concrètes de reconstruire le pays quitté et montrent comment les migrants gardent le contact avec lui. Les supports de la mémoire mobilisent l'un des cinq sens, mais s'appuient aussi sur des réalisations concrètes et des récits qui rendent le souvenir présent et permettent des actions collectives. Les textes analysent aussi les différents usages sociaux et culturels de la nostalgie, tant la mobilisation du passé alimente les discours politiques, aide à la transmission de la mémoire, permet d'affirmer une identité de groupe et de construire celles des individus.
L'expérience de la migration, de l'exode, de la déportation ou de la mobilité, malgré l'hétérogénéité des violences ressenties, implique toujours un sentiment de perte, comme l'a montré Abdelmalek Sayad, et un processus de reconstruction complexe du pays quitté, à la fois imaginaire et matérielle, sensible et poétique. S'il est possible de concevoir ces pratiques comme la quête nostalgique des racines, il est peut être plus fécond d'y voir une volonté positive qui donne du sens au présent et à l'histoire.

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