Irak
Dix ans après Saddam
Paris, AREION Group, 2013. 100 pages, 23 x 30 cm, broché.
En avril 2012, les comédiens du Théâtre National de Bagdad ont joué devant une salle comble. Ils interprétaient une adaptation irakienne de Roméo et Juliette, de William Shakespeare. Roméo est chiite, Juliette sunnite. Ils s’aiment, mais ils résident dans une cité déchirée par les préjugés et ravagée par les conflits confessionnels. Cette initiative artistique est une petite lueur d’espoir, de réflexion citoyenne, dans un État détruit qui laisse peu de place à l’optimisme. Dix ans après la chute de Saddam Hussein, la situation politique, économique et sociale est catastrophique. Certes, les attentats sont moins nombreux que dans les années 2000 et les rues des grandes villes ont retrouvé une certaine « tranquillité ». Et il serait naïf de penser que les temps de la dictature baasiste, l’une des plus violentes du XXe siècle, sont regardés avec nostalgie.
D’abord le constat : le quotidien de la population n’a guère changé, les principales infrastructures de base (santé, éducation, eau, etc.) n’ayant pas été reconstruites, et ce, en dépit d’une immense richesse pétrolière. En mars 2003, devant les télévisions du monde entier, George W. Bush promettait aux Irakiens la « libération » de leur pays, la « fin de la tyrannie ». Son successeur, Barack Obama, s’inquiétait du vide sécuritaire laissé après le retrait des militaires étrangers en décembre 2011. Dans les deux cas, c’était mal connaître l’Irak, son histoire politique et sa société. L’ancienne Mésopotamie s’est édifiée en république autour d’un consensus entre les grandes communautés (chiites, sunnites et kurdes). Ce dernier a volé en éclats, laissant place à des luttes de pouvoir sans aucune dynamique fédérative, à des instincts sectaires (religieux, tribaux) et au maintien de l’autoritarisme.
Puis la réflexion : en 2013, il est peut-être trop tôt pour savoir si l’Irak a été « libéré », comme s’il fallait attendre encore des années avant de comprendre les conséquences de l’invasion américaine, voire des décennies pour laisser aux Irakiens une chance de renaître en tant que nation. L’objet du dossier de ce numéro n’est pas de tomber trop vite dans un pessimisme obligeant à regarder l’Irak comme un pays éternellement en guerre qui sombrerait dans l’oubli ou l’indifférence, mais de réfléchir sur un État clé du Moyen-Orient dont la stabilité intérieure influence l’ensemble de la région, sur une société qui s’interroge sur sa citoyenneté et attend, enfin, son propre « printemps ».
Au sommaire :
Regard d’Alain Dieckhoff sur la politique intérieure israélienne
L’Irak post-Saddam Hussein : un nouveau régime autoritaire ? par Gilles Chenève
Repères politique : Anatomie de l’imbroglio politique irakien par Karim Sader
Un pays à la recherche de ses identités par Pierre-Jean Luizard
La société civile ou l’introuvable « printemps irakien » par Fanny Lafourcade et Hameed Nasser
« Les Irakiennes ont besoin de sécurité » Entretien avec Haifa Zangana
Stratégies communautaires et politiques : le cas de Kirkouk par Arthur Quesnay
Le pétrole : bénédiction ou malédiction pour les Irakiens ? par Myriam Benraad
Bagdad, menace sur le patrimoine urbain par Caecilia Pieri
L’armée irakienne, un outil au service de la stratégie américaine par Hélène Caylus
Géopolitique
Féminisme islamique : un oxymore ? par Zahra Ali
Les disciples de Fethullah Gülen par Tancrède Josseran
Le Sahara, désert habité et terre de passage par Bruno Lecoquierre
Villes
Entre destructions et reconstructions : Beyrouth, capitale du Liban par Liliane Buccianti-Barakat
Commande : 10,95 €
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