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Les géographies, dit le géographe, sont les livres les plus sérieux de tous les livres. Elles ne se démodent jamais. Il est très rare qu’une montagne change de place. Il est très rare qu'un océan se vide de son eau. Nous écrivons des choses éternelles.
Antoine de Saint Exupéry. Le Petit Prince

mercredi 8 juin 2011

La fin de l'empire américain ?

Diplomatie - Les grands dossiers n°3
Géopolitique des États-Unis
La fin de l'empire américain ?
Paris, AREION Group, 2011. 100 pages, 23 x 30 cm, broché.

En janvier 1900, le sénateur américain Albert J. Beveridge déclarait, à propos de l’annexion des Philippines par les États-Unis : « Dieu a fait de nous les maîtres organisateurs pour établir un système dans un monde où le chaos règne. Il nous a insufflé l’esprit du progrès pour renverser les forces de la réaction sur toute la Terre. Il a fait de nous les adeptes du gouvernement que nous devons administrer sur les peuples sauvages et séniles. Sans cette force, le monde sombrerait à nouveau dans la barbarie et l’obscurantisme. » (1) Plus de quatre-vingt-dix ans plus tard, à l’issue de la guerre du Golfe, le général américain Colin Powell annonçait à son tour : « L’Amérique doit assumer la responsabilité de sa puissance. Nous devons diriger le monde. (…) C’est notre rendez-vous avec le destin. (…) Nous ne devons pas laisser l’Histoire nous échapper. » (2) Ces deux discours, que près d’un siècle sépare, illustrent l’étonnante constance d’une géopolitique américaine tournée vers l’exercice d’un leadership mondial de droit divin. Depuis la fin de la guerre froide, et plus encore après le 11 septembre 2001, les États-Unis ont cependant montré au reste du monde le visage d’une puissance en manque de repères et d’ambition, face à l’absence de compétiteur de rang égal ou de menace crédible. À ce titre, les vingt prochaines années seront sans doute cruciales pour l’avenir des États-Unis. L’émergence de nouvelles puissances géopolitiques, la raréfaction des ressources naturelles stratégiques et la prolifération inéluctable de l’arme nucléaire constitueront autant d’enjeux majeurs auxquels devra répondre la nation américaine, au risque d’un déclassement international au profit de la Chine notamment.
Un autre défi attend la République américaine. Son Histoire est en effet ponctuée de tâches sombres, parfois indélébiles, qui marquent un renoncement facile et périlleux à ses valeurs tout autant qu’à ses intérêts. Le sort réservé aux peuples amérindiens, aux descendants des esclaves noirs, mais aussi à ses propres citoyens « blancs » en garde le douloureux témoignage. Entre 1941 et 1948, le gouvernement fédéral n’hésita pas à déporter plusieurs milliers de citoyens américains d’origine allemande, italienne et japonaise (hommes, femmes et enfants) dans des camps, et même, pour certains, à les livrer à l’ennemi en échange de prisonniers de guerre américains, foulant du même pied les lois américaines et internationales. Entre 1950 et 1954, la traque de supposés agents communistes et la tentative d’imposition d’un nouvel ordre moral mina une fois encore le caractère démocratique du pays dans ses soubassements les plus essentiels. Plus récemment, en réponse aux attentats du 11 septembre 2001, l’USA Patriot Act (voté le 26 octobre 2001) et le Homeland Security Act (voté le 25 novembre 2002) ont constitué un nouvel épisode de ce processus cyclique de régression démocratique. L’une des plus grandes faiblesses qui parcourent la nation américaine réside ainsi en ce renoncement régulier aux valeurs essentielles de cette « jeune » république, valeurs qui constituent pourtant le socle véritable de sa puissance d’aujourd’hui et de demain.

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