Depuis la publication du rapport Brundtland en 1987 et surtout depuis le sommet de Rio de Janeiro en 1992, le concept de développement durable a été largement médiatisé. Cependant, la valeur opératoire de ce concept, qui veut concilier les exigences du développement aujourd'hui et la conservation de l'environnement pour demain, fait largement débat. Cet ouvrage, qui s'intéresse aux pays du Sud, est issu de la dynamique d'un colloque international organisé à Poitiers les 7 et 8 février 2008, sur ce thème.
L'examen des systèmes de production a été privilégié comme entrée dans l'analyse de la gestion des ressources. En effet, les sociétés des pays en développement étant en majorité rurales, l'agriculture occupe une place majeure parmi les activités multiples mises en oeuvre dans la satisfaction de leurs besoins.
Cet ouvrage novateur apporte la confrontation des points de vue de chercheurs et de praticiens du développement, travaillant sur ces questions. Il rassemble des communications dont les terrains se trouvent localisés dans l'Océan indien (Maldives) et sur quatre continents : l'Amérique, avec le Brésil, le Pérou ; l'Australie ; l'Asie avec le Vietnam et Sulawesi ; enfin, l'Afrique, occidentale surtout, demeure un champ d'observation toujours très prisé avec le Mali, le Burkina Faso, la Guinée, le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Cameroun et Madagascar. A cette diversité géographique des supports d'étude, se conjugue une variété et une richesse des interventions et par des jeunes doctorants : la vitalité des recherches menées dans les Suds est une réalité.
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L'agriculture d'abattis-brûlis est aujourd'hui pratiquée par 40 à 500 millions de paysans dans les régions tropicales. Depuis plus d'un siècle, un discours dominant condamne ce mode de production ; qualifié d'archaïque et peu productif, il serait une cause majeure de déforestation. A Phongsaly, petite région du Nord Laos, les pratiques paysannes d'abattis-brûlis se sont différenciées et diversifiées au cours de l'histoire récente du fait d'une intervention croissante de l'Etat, tout en se révélant rationnelles.
Les résultats locaux infirment les accusations récurrentes sur l'inanité économique et les dangers environnementaux des agricultures d'abattis-brûlis. Ils sont cohérents avec les recherches menées dans de nombreuses régions du monde : la plupart des critiques de ce système de production s'avèrent infondées. Quand elles participent à la déforestation, ce qui n'est pas systématique, les agricultures d'abattis-brûlis en rotation n'y jouent qu'un rôle limité ; l'exploitation forestière et les agricultures pionnières en sont les principales causes.
La complexité et la logique des systèmes agraires d'abattis-brûlis sont classiquement méconnues par les groupes sociaux tiers. Les pratiques des essarteurs, généralement des montagnards et de minorités ethniques, sont évaluées par des habitants des plaines en fonction de leurs préoccupations et des utilités qu'ils assignent à la forêt et la montagne. Les scientifiques n'apportent que rarement un éclairage rigoureux et objectif dans ces débats au sein desquels abondent trop souvent les lieux communs.
L'agriculture paysanne, fondée sur une valorisation patrimoniale des ressources naturelles, contribue souvent positivement à la gestion de l'environnement ; il convient de la revaloriser. Les politiques agricoles devraient donc prendre en compte les savoirs et l'expérience des paysans pour la gestion durable des ressources naturelles. L'unique possibilité pertinente est l'association des paysans à l'élaboration et la mise en oeuvre des interventions publiques.
Après avoir travaillé plus d'une douzaine d'années dans des projets de développement rural au Laos, Olivier Ducourtieux est maître de conférences en agriculture comparée et développement agricole à AgroParisTech. Il a mené des projets de développement et de recherche de 1994 à 2004 à Phongsaly, dans les montagnes du Nord Laos.
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