Ces Carnets disent une expérience de la Chine dans son rapport à l'islam. Ils nous entraînent vers le Xinjiang. Gigantesque territoire d'un million de kilomètres carrés, constitué de treize minorités ethniques, le Xinjiang est un nom à programme. En langue chinoise, Xinjiang signifie " Nouvelle Frontière ". Le gouvernement central de Pékin lui a ajouté l'appellation " Weiwuer zizhiqu ", littéralement " Région autonome "ouïghoure" du Xinjiang ", désignant l'ethnie majoritaire non Han dont le nombre dépasse la dizaine de millions.
Les Ouïghours, peuple turcophone acquis à l'islam des confréries, appellent ce pays autrement : le Turkestan. Vue de Pékin, cette région constitue un front pionnier. Vue des oasis ou du désert du Taklamakan, il s'agit d'une mer intérieure. Il y a un siècle, cette partie du monde demeurait la seule à ne pas avoir été cartographiée. Les temps ont changé : des routes, des aéroports ont été aménagés. Des vagues de migrants Han s'y établissent comme au Tibet voisin, boule-versant les modes de vie traditionnels. Les tensions s'accroissent. Des attentats ont lieu. Des résistances s'organisent, passives dans la majorité des cas. Elles témoignent cependant d'une chose : le grand rêve national de l'Etat chinois rencontre ses limites. Les frustrations identitaires et religieuses des Ouïghours suffiront à nourrir pour longtemps des foyers de conflits.
Emmanuel Lincot est spécialiste d'histoire culturelle chinoise contemporaine. Il dirige la Chaire des Etudes chinoises contemporaines de l'Institut catholique de Paris. Il se rend régulièrement en Chine et en Asie centrale. Il a notamment publié Regard sur la Chine.
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