Bernard Dézert & Christian VandermottenL'identité de l'Europe. Histoire et géographie d'une quête d'unité
Paris, Armand Colin, 2008. 352 pages, 16 x 24 cm, broché.- ISBN: 9782200347482
Critique de Gilles Fumey, parue dans le n° 1529 de juin 2008 du Bulletin de liaison des membres de la Société de géographie :
Sous-titré Histoire et géographie d’une quête d’unité, cet ouvrage complète ce qu’il y a sur le marché éditorial par la question des particularismes régionaux et le nouvel essor des nationalismes qui apparaissent souvent comme des obstacles à l’unité. Ne seraient-ils que les symptômes d’une réaction à la globalisation, se demandent les auteurs.
Ils répondent par un ouvrage de facture classique : le milieu («favorable»), la formation de l’espace européen, les paysages ruraux, les mutations de l’espace économique, la population européenne, la régionalisation et les «perspectives». Cette présentation implique une lecture patiente de l’ouvrage pour aller chercher les réponses aux questions posées au point de départ dans les arcanes d’une géographie fortement descriptive, dans les premiers chapitres du moins.
Les auteurs accordent beaucoup de poids à la politique européenne et, notamment, aux fonds structurels qui pourraient pousser plus avant encore cette « économie compétitive de la connaissance ». Ils optent pour un développement des firmes de dimension européenne (mais avec quels capitaux ?) qui supplanteraient les anciens champions nationaux et la poursuite du mouvement de délocalisation vers les pays les plus offrants en matière de main d’œuvre, sur le continent comme plus loin en Asie. Le maillage du continent va se reformater, en partie, grâce à la grande vitesse mais, selon les auteurs, la poursuite du développement automobile est probable.
Une Europe en archipel, en somme, avec le développement privilégié des métropoles-capitales, même en Europe orientale où Moscou et Saint-Pétersbourg vont pouvoir enfin réaliser le vieux rêve européen des tsars. La question de l’équité du développement par le polycentrisme n’est pas tranchée par les auteurs qui constatent que les conurbations de dix millions d’habitants sont très dynamiques. D’autant que les documents sur l’intégration mondiale de l’Europe souligne une forte inégalité entre les pays et les autres régions du monde, où l’Europe arrive à être peu présente (Amérique latine, par exemple).
En pointant l’écart entre les potentialités d’un développement durable raisonnable (l’Europe a une empreinte écologique supérieure de 1,7 ha à celle requise pour assurer le renouvellement des ressources consommées), les auteurs montrent qu’au-delà des engagements de Kyoto, l’Europe a encore du chemin à faire, notamment dans son volet oriental. Cela rend la question de la construction européenne et de ses limites toujours actuelle.
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